S.O.S. hirondelles

Vendredi 10 septembre 2010, par Daniel Pareuil // 555. Oiseaux.

Cette année nous aurons parlé « hirondelles », un peu plus que d’habitude. Il y a eu la petite vague de froid au printemps à leur arrivée, qui a montré leur fragilité, qui les a mis à mal. Nous avons suivi cela avec beaucoup d’émotion. Leur déclin nous inquiète.

A l’initiative de Nature Midi-Pyrénées et en partenariat avec Le Parc régional des causses du Quercy et Lot Nature, une animation « Hirondelles » a eu lieu à Concots le 26/06/2010. Cette animation appréciée, a permis de mieux les connaître et de lancer la campagne : « Agir ensemble pour les hirondelles ! »

Vous pouvez, jusqu’au 31 octobre 2010, faire parvenir vos observations (nombre de nids, nombre de nids occupés, adresse précise du lieu où sont installés les nids, date et remarques) pour les hirondelles rustique et de fenêtre à :

www.naturemp.org/hirondelles.

Pour ceux qui n’utilisent pas Internet, contacter directement : Nature Midi-Pyrénées, Le Parc régional des causses du Quercy ou Lot Nature.

Mais la situation dans le Lot, d’une autre espèce d’Hirundinidés, l’Hirondelle de rivage Riparia riparia est très préoccupante.

Un des derniers sites de nidification naturel de l’espèce est en danger.

En effet, pour sécuriser une pile du viaduc de l’autoroute A20, un enrochement de la berge a été réalisé partiellement et risque de se prolonger. Ce prolongement interdira toute possibilité de nidification à cette hirondelle.

Mais essayons d’abord de faire connaissance.

Le Perthuiset (Péronville) (28), le 03/09/2004, Daniel Pareuil.

Il s’agit d’un adulte.

Notez, la queue courte, la couleur gris brunâtre des parties supérieures du plumage et de la bande pectorale.

Cette bande pectorale tranche par rapport à la gorge et au ventre blanc. Elle peut se voir en vol. L’œil est cerné de noir.

Sablière, île de St-Laurent-Nouan (41), le 27/07/2004, Daniel Pareuil.

Juvénile avant le départ en migration post-nuptiale (automne). Notez le dos brun écaillé.

Sablière, île de St-Laurent-Nouan (41), le 30/07/2007, Daniel Pareuil.

Juvéniles au nid.

Cette hirondelle niche en colonies dans les sablières, berges des rivières où elle creuse la paroi pour y faire son nid.

Elle est inféodée à l’eau. Les juvéniles ont déjà l’œil cerné de noir et une bande pectorale bien marquée.

Sablière, île de St-Laurent-Nouan (41), le 27/07/2004, Daniel Pareuil.

L’espèce est migratrice.

Il faut faire des réserves avant de partir pour gagner les quartiers d’hiver (Afrique tropicale).

De nombreux dangers les attendent : traversée de la mer Méditerranée, du Sahara et tout au long du voyage les prédateurs les attendent ou les suivent.

De toutes nos hirondelles, c’est la première à revenir de migration et à nous quitter.

Elle vit en colonie et se mêle aux autres espèces d’hirondelles en cours de migration.

Son régime est purement insectivore.

Il a été observé que dans différents départements où il y a des rivières, les colonies d’Hirondelle de rivage s’implantent dans les carrières d’extraction de graviers ou sable (gravières ou sablières).

Nous pouvons nous poser la question, qu’est-ce qui pousse cette hirondelle à abandonner les rivières pour nidifier.

C’est bien sûr l’action de l’homme qui semble en être l’origine.

L’effondrement des berges, dû aux crues hivernales avec de forts courants, accentué par les lâchers d’eau et le batillage, favorisé par la défonce du sol et des cultures trop proches sont des éléments importants.

Le fort taux de fréquentation de la rivière (canoës par exemple) est un autre élément à prendre en compte.

A l’échelon national, l’espèce est encore classée commune, mais tous s’accordent à dire que le bilan est difficile à réaliser à court terme, instabilité de l’espèce sur ses sites, occupation des gravières et sablières ou l’instabilité est de fait.

Source : Résultat du programme S.T.O.C. et Inventaire des oiseaux de France, édition 2008 prenant en compte les données jusqu’en 2006.

L’espèce est inféodée à l’eau et particulièrement aux rivières.

Notre département possède de belles rivières, il serait regrettable que l’Hirondelle de rivage en disparaisse.

Mais est-on capable de lui laisser un peu de place pour assurer sa nidification ?

Baussone, bord de Dordogne, sous le Viaduc de l’A20 (Pinsac) (46), le 24/04/2010, Daniel Pareuil.

Site de nidification sur la Dordogne, à Pinsac.

La berge, à la hauteur de terres cultivées a été érodée par l’eau. Elle offre ainsi des parois abruptes et sableuses favorables à la nidification des hirondelles de rivage.

Environ 50 trous sont occupés, davantage par la suite.

C’est un des derniers sites lotois.

Il est menacé par les travaux de protection d’une pile du viaduc de A20, à cet endroit (l’enrochement partiel est visible en premier plan).

Si, il est indéniable que le viaduc doit être protégé, les hirondelles ne doivent pas être oubliées. Des solutions existent et sans doute peu onéreuses.

Cette colonie existait avant la construction du viaduc de l’autoroute A20 à Pinsac.

Plusieurs colonies sur la Dordogne ont périclitées ou disparues.

A la confluence de la Bave et de la Dordogne, île des Escouasnes (Commune-de-Prudhomat) (46), les berges se sont effondrées et le pied de la berge est en train de se boiser, bloquant l’accès aux hirondelles pour y creuser leurs petits terriers.

Peu de travail et juste un peu de volonté sont nécessaire à la réhabilitation de ce site.

Si l’homme est responsable de l’accélération de la dégradation des berges, il doit donner un coup de main à la nature pour que notre hirondelle puisse retrouver des sites de nidifications.

L’eau a une grande importance pour les cultures.

L’hirondelle, en tant qu’insectivore est salutaire aux cultures et ne produit pas de pollution chimique.

Dans les sablières ou gravières, elles rencontrent forcément des problèmes et la nidification n’en est que plus instable.

Quels sont les besoins de l’Hirondelle de rivage pour la nidification.

-  Proximité de l’eau.

-  Des berges abruptes en terre sableuse ou friable où elle peut creuser son terrier à l’aide de ses pattes. Une granulométrie inférieure à 0,4mm est nécessaire. L’érosion due aux crues de l’hiver permet naturellement la régénération des terriers et fait disparaître les parasites qui y foisonnent. Par contre, l’érosion due aux lâchers d’eau (barrages) en période de nidification, favorisent l’éboulement de la berge et sont donc nuisibles. De même, la culture et les défoncements du sol trop proches de la berge sont aussi favorables à l’éboulement de celle-ci et mettent en danger la reproduction de l’espèce.

-  La berge ne doit pas être boisée et doit offrir en milieu ouvert un terrain de chasse aux insectes, en plus de la rivière. Les racines des arbres offrent une gêne au creusement des terriers et peut favoriser des prédateurs.

-  L’accès des prédateurs, tout comme le dérangement du public, ne doit pas être facilité.

-  Nous devons accepter le choix de l’animal. Pour cela, il doit y avoir plusieurs sites potentiels pour accueillir la nidification de l’espèce.

Voici quelques éléments qu’il est essentiel de prendre en compte pour essayer de lui laisser la place qui est la sienne sur les berges de nos rivières.

2010, année de la biodiversité !

Vous pouvez nous aider, en réagissant à cet article :

compléments, soutien, nous faire part de votre expérience si vous avez rencontré des problèmes similaires.

La qualité environnementale de notre département ne doit pas être fortuite.

A bientôt j’espère et avec plaisir.

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2 Messages de forum

  • S.O.S. hirondelles 10 septembre 2010 22:42, par Jean-Jacques Lacroix

    Article très intéressant et bien documenté et qui m’a convaincu d’aller au printemps prochain observer les "falaises" de terre de la Dordogne autour de mes promenades.Vivement le printemps !
    jjL

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